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Rennes. Le carton du mariage d’Anne de Bretagne dévoilé

Guillaume Kazerouni, responsable des collections anciennes au musée des Beaux-Arts de Rennes, devant la fresque monumentale, carton du « Mariage d’Anne de Bretagne ». | Ouest-France.

Ouest-France, 14 novembre 2017

La tapisserie a disparu dans l’incendie du Parlement de Bretagne. Mais la fresque qui avait servi à la créer a pu être restaurée par le musée des Beaux-Arts de Rennes. Elle a été inaugurée lundi soir dans la Grand’ chambre du Parlement.

« C’est un moment historique comme ce bâtiment en a connu de très beaux, un moment empreint d’une très forte émotion dans ce lieu symbole de l’union de la Bretagne et de la France », salue Xavier Ronsin, premier président de la Cour d’appel de Rennes, au moment de dévoiler, lundi soir, le carton du Mariage d’Anne de Bretagne et de Charles VIII.

Le modèle des tissiers

Un carton, c’est en quelque sorte le patron d’une tapisserie, « la fresque réalisée au préalable et qui sert de modèle aux tissiers », explique Anne Dary, directrice du musée des Beaux-Arts de Rennes.Onze tapisseries historiques avaient ainsi été commandées en 1899 et installées 26 ans plus tard dans les vastes salles du Parlement de Bretagne et en particulier dans la Grand’ chambre.

Carton monumental

On doit ce carton monumental (30 m2) au peintre décorateur, Edouard Toudouze, qui l’a peint entre 1901 et 1907. La tapisserie tissée à partir de ce modèle a disparu dans l’incendie du Parlement de Bretagne, le 4 février 1994. « Des tapisseries avaient pu être sauvées et confiées à un atelier de restauration, explique Anne Dary. Mais, second traumatisme, elles ont péri trois ans plus tard dans un second incendie qui avait ravagé cette fois l’atelier. »

Une restauration de 150 000 €

De ces œuvres inestimables, n’ont été conservés que les fameux cartons qui dormaient, enroulés et quasiment oubliés dans les réserves du musée des Beaux-Arts de Rennes. Il a été décidé de les restaurer, pour 150 000 €.

Des mécènes

L’État mais aussi des mécènes à hauteur de 20 % du budget (entreprises, particuliers, ordre des avocats) ont mis la main à la poche pour financer ce patient travail de remise en état, dont l’une des pièces majeures a été dévoilée hier. « Il faut saluer le travail d’orfèvre des restaurateurs et des agents techniques qui se sont attelés à cette tâche, centimètre par centimètre », souligne Xavier Ronsin. D’autres cartons seront installés dans les mois à venir au Parlement de Bretagne, visité par plus de 5 000 personnes lors des dernières Journées du patrimoine.

Note du Comité: il est à souligner que le thème de ces tapisseries est dans la lignée d’une vision française de l’histoire de Bretagne.

 

Rennes: Noyé, brûlé puis oublié. Le monumental tableau d’Anne de Bretagne de retour au Parlement

Le conservateur du musée de Bretagne Guillaume Kazerouni devant le carton du mariage d’Anne de Bretagne et de Charles VIII au parlement de Bretagne. — C. Allain / 20 Minutes

20 minutes , 14 novembre 2017

  • Le tableau monumental d’Anne de Bretagne est de retour au Parlement à Rennes.
  • Ce « brouillon » de la tapisserie réalisée au début du XXe siècle a été restaurée.
  • La tapisserie a brûlé dans l’incendie de son atelier de restauration, après avoir échappé aux flammes en 1994.

« C’est un événement historique ». Premier président de la cour d’appel, Xavier Ronsin n’a pas caché son émotion lundi soir au moment de faire tomber le drap blanc inaugurant le retour d’Anne de Bretagne au Parlement de Bretagne à Rennes. Ce tableau monumental de six mètres sur cinq est un carton, sorte de brouillon, d’une tapisserie aujourd’hui disparue montrant le mariage d’Anne de Bretagne et de Charles VIII en 1491. Un acte fondateur qui mettra fin à l’indépendance de la région.

Epargnée par l’incendie en 1994, brûlée en 1997

Réalisé par Edouard Toudouze et accroché pour la première fois à Rennes en 1901, ce carton remplace aujourd’hui la tapisserie qui a longtemps recouvert le mur de la Grand’Chambre du Parlement. Epargnée par les flammes lors du dramatique incendie en 1994 mais souillée par l’eau des pompiers, l’œuvre avait brûlé trois ans plus tard dans l’incendie de l’atelier dans lequel elle était restaurée. « Nous avons retrouvé une partie des modèles dans nos réserves. Nous trouvions dommage de ne pas les montrer », témoigne Anne Dary, la directrice du musée des Beaux Arts.

Grâce à l’aide des collectivités et de mécènes, l’œuvre a pu être restaurée et vient d’être accrochée au Parlement, en face de l’imposante tapisserie de Duguesclin, encore plus grande que celle d’Anne de Bretagne.

Au total, ce sont onze tapisseries réalisées par les Gobelins qui ont orné les murs de la salle à partir de 1925. La plus grosse commande de l’histoire de la prestigieuse manufacture, évaluée à plus de dix millions d’euros à l’époque. « Les murs rouge et or étaient de plus en plus critiqués. On y voyait des hermines mais aussi les initiales de Napoléon. Il y avait une incohérence. Beaucoup voulaient les recouvrir », précise Guillaume Kazerouni, responsable des collections anciennes au musée des Beaux Arts.

Pour remplacer les tapisseries brûlées et à jamais disparues, les équipes du musée de Bretagne se sont mises en quête des fameux « brouillons » réalisés avant le tissage. Si certains ont été déchirés, d’autres ont été rangés ici et là et se cachent dans les réserves des musées. « Nous en avons retrouvé certains. Mais nous savons par exemple que l’un des tableaux se trouve au Mobilier National à Paris, parmi les 2.500 cartons qui sont roulés là-bas », poursuit Guillaume Kazerouni.

Les conservateurs du musée et les équipes du Parlement aimeraient en accrocher au moins six et même faire revenir du mobilier dans les années à venir. « L’histoire n’est pas terminée ».

Note du Comité: il est à souligner que le thème de ces tapisseries est dans la lignée d’une vision française de l’histoire de Bretagne.