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Livre. Anne de Bretagne, bien plus qu’une duchesse

Claire L’Hoër, historienne, autrice de « Anne de Bretagne »
Photo: Thomas Bregardis / Ouest-France

Ouest-France, 26 juillet 2020

par Didier Gourin

L’historienne Claire L’Hoër raconte la vie quotidienne d’Anne de Bretagne et souligne combien la duchesse qui devint reine de France joua un rôle politique important. Au-delà des images un peu convenues, et des clichés sur la « duchesse en sabots ».

L’historienne Claire L’Hoër évoque le destin et le rôle historique d’Anne de Bretagne, duchesse et reine de France à deux reprises en épousant Charles VIII et Louis XII.

Qu’est ce qui vous a incité à explorer ainsi la vie d’Anne de Bretagne ?

Je donne des conférences sur l’histoire de la Bretagne, et l’une d’elles est consacrée à Anne de Bretagne. Elle rassemble le public le plus nombreux. Le personnage attire, et, à la fin des conférences, on me pose toujours beaucoup de questions sur elle. Cela a suscité chez moi de la curiosité pour aller au-delà du personnage un peu convenu pour savoir qu’elle était la vie, au quotidien, d’une femme à la fin du XVe siècle qui se retrouve dans une situation politique difficile et délicate avec des problèmes de femmes à gérer, comme des maternités. On a beaucoup de documents à son sujet sur ce qu’elle possédait comme objets, ses vêtements. Elle est plus connue que ses deux maris, Charles VIII et Louis XII.

Justement, quelles questions vous pose-t-on à l’issue de vos conférences ?

Par exemple, la comparaison entre ses deux maris, étaient-ce des bons mariages ? On dispose des témoignages d’ambassadeurs étrangers qui observent ces couples. On les voit dans des bals, à la chasse. On me parle aussi de ses costumes et des couleurs de ses vêtements. Elle est souvent vêtue de jaune, qui symbolise l’or, et de rouge lorsque l’on observe tous ses portraits. Ils sont aussi ponctués de noir et de blanc. Elle mixte les couleurs de la Bretagne, et celles du pouvoir.

Au-delà de son rôle politique, pourquoi racontez-vous aussi sa vie quotidienne ?

C’est ce que je souhaitais faire en fonction des différentes étapes de sa vie, et des rôles qu’elle doit endosser, comme héritière, duchesse, et puis comme reine de France à deux reprises pour raconter les devoirs qui lui incombent, comment elle doit s’en sortir au quotidien et les solutions qu’elle trouve.

Vous évoquez ses lectures, sa bibliothèque ?

Elle a laissé des manuscrits exceptionnels qu’elle avait commandés. Parmi ces textes, il y a une vie des femmes illustres. Anne de Bretagne commande un ouvrage qui raconte la vie des femmes dans l’Histoire, comme Jeanne d’Arc. Il y a une volonté politique de mettre en avant le rôle des femmes. Quand elle commande un livre, elle se fait aussi représenter, sous forme de miniature. Elle travaille sa communication, comme on dirait aujourd’hui. Elle fait appel aux meilleurs artistes. Elle a conscience que son image va lui servir. Visiblement, elle aime la fréquentation des livres. Elle est cultivée. Elle sait lire le latin, ce qui lui sert. Elle n’a pas besoin qu’on lui traduise, contrairement à beaucoup de souverains.

C’est une femme politique qui est bien plus que la duchesse de Bretagne ?

C’est une femme politique qui compte en Europe et ne se contente pas de faire de la figuration. Dès qu’elle a un espace pour prendre des décisions, elle le fait, beaucoup plus durant son second mariage que pendant le premier où elle a des ennemis à la cour. Durant ce second mariage, elle est quand même régente de France, ce qui veut dire qu’elle gouverne. C’est une figure politique car elle a des liens directs avec de nombreux souverains européens, comme avec le Pape avec lequel elle échange une correspondance, les souverains espagnols. Dans les grandes cérémonies, elle ne se tient pas en retrait du roi en attendant que les choses se passent. Elle a une politique de fiançailles et de mariages qui est très active. Elle essaie de placer dans les grandes familles européennes des jeunes filles des familles bretonnes. La reine de Hongrie sera une Bretonne.

Comment a pu se traduire cette influence politique ?

Il y a des actions concrètes, car Anne de Bretagne est une femme concrète. Elle exerce le pouvoir sur le terrain. Quand elle se trouve à Lyon parce que son époux Louis XII est parti faire la guerre en Italie, non seulement elle gouverne le royaume de France mais elle regarde si Lyon est bien administrée. Elle se rend compte qu’une partie des impôts qui doivent servir à l’entretien des berges du Rhône et de la Saône est détournée. Elle les fait revenir à leur destination initiale car, pour elle, il est très important que cette ville soit prospère. Pendant le temps des campagnes d’Italie, c’est là qu’est installée la capitale royale. Il faut que le commerce fonctionne et ne pas laisser l’argent s’évaporer. Elle se renseigne, fait enquêter et elle prend des décisions. Elle a un sens des finances. C’est assez rare car peu de souveraines sont alors confrontées à des problèmes financiers. Mais très jeune, il avait fallu qu’elle finance la guerre dans son duché. Elle sait que l’impôt doit être bien utilisé.

Et pourtant, les sentiments à l’égard d’Anne de Bretagne sont mitigés. Pour certains, elle a trahi la Bretagne avec cette union avec la France ?

Pour elle, devenir reine d’un royaume très important en Europe était plus important que de rester duchesse. Néanmoins, elle a mené sa barque du mieux qu’elle a pu dans les circonstances qui lui étaient données. Il ne faut pas lire les choses a posteriori mais essayer de se mettre à sa place, à la fin du XVe siècle, à côté d’elle. Elle est une fille et, en théorie, elle ne peut même pas hériter du duché. C’est un garçon qui doit devenir duc de Bretagne. Elle a 11 ans, et elle est orpheline. À ce moment-là, ce qui aurait été très simple pour elle, c’était de se remettre entre les mains du roi de France. C’était la logique et ce que tout le monde pensait : la fille du duc va être mariée par le roi de France à un souverain quelconque et le roi de France va mettre la main sur la Bretagne. Que décide-t-elle ? Elle continue la guerre que son père a commencée. C’est tout à fait étonnant. Il n’y a pas beaucoup d’exemples dans l’histoire d’une fillette qui a potentiellement une dot énorme et décide de faire la guerre. C’est un personnage courageux, complexe et qui a envie d’en découdre. Durant ces trois années et demie de guerre avec la France, et les Anglais qui sont sur les côtes et mettent la main à la première occasion sur les ports bretons, elle est confrontée au manque d’argent, au ravage de ses terres avec des gens qui vivent dans les bois. Mais elle a un duché et tant qu’elle peut faire rentrer les impôts, avec une administration, pour financer cette guerre, elle peut tenir. Mais combien de temps ? Elle essaie d’être en position de force pour négocier quelque chose qui serait avantageux pour elle et sa Bretagne. Elle mène donc la guerre le plus longtemps possible. Sa première option n’est pas d’épouser le roi de France mais Maximilien, l’empereur d’Autriche, pour prendre la France en tenaille. Il fallait oser.

Et elle se dit qu’il est alors préférable de faire la paix avec le roi de France ?

Dans les deux camps, des conseillers sont favorables à ce mariage avec le roi de France. Pour Anne, l’intérêt est de rétablir la paix dans son duché. Et pour ses finances, elle arrive un peu au bout de ses ressources. Elle a emprunté de très grosses sommes, ses bijoux ont été vendus. La seule manière d’en sortir par le haut, c’est de devenir reine de France.

Grande question, a-t-elle trahi les Bretons en se mariant avec le roi de France ?

Nous, on connaît la suite. Et il faut faire attention. À l’époque, on ne sait pas. La Bretagne, par rapport à la France, c’est un peu comme le Portugal par rapport à l’Espagne, avec une seule frontière terrestre et une grande façade maritime. Le Portugal est resté finalement indépendant. Le pari qu’a fait Anne, c’est celui du deuxième héritier. C’est le deuxième enfant qui doit avoir la couronne de Bretagne. Et son grand drame, c’est de ne jamais avoir donné deux fils à aucun de ses époux. Et s’il y a une erreur de sa part, c’est de ne pas avoir élevé sa fille Claude dans l’idée qu’il fallait que la Bretagne garde son indépendance. Elle n’a pas élevé sa fille comme elle l’avait été. On lui avait bien expliqué qu’il y avait une nation bretonne, une frontière, une souveraineté et une monnaie et une couronne bretonnes. Comment n’a-t-elle jamais expliqué cela à sa fille Claude ? Mais je ne parle pas de trahison. Elle a essayé de reculer autant que possible le rattachement. Si elle avait eu deux fils, ce rattachement n’aurait pas eu lieu. Elle s’est battue avec les armes qu’elle avait dans le contexte qui était le sien. Elle a tenté de reculer le plus possible le moment où la Bretagne serait rattachée à la France.

Et cette guerre doit bien s’arrêter un jour ?

Un pays en état de guerre depuis 30 ou 40 ans n’est plus en état de soutenir quoi que ce soit. La paix apparaît quand même comme un bienfait.

Comment expliquer cette place qui est la sienne dans l’histoire ?

Je pense que, jusqu’au XIXe siècle, elle a été un peu le symbole de la réconciliation, la femme par laquelle la paix est arrivée aussi en France, et pas seulement pour les Bretons. La guerre, c’est un grand malheur qui s’abattait sur le pays. Une femme qui apporte la paix reste dans les esprits. Il y a aussi chez elle une notion de sacrifice. Elle a accepté le mariage avec son ennemi de la veille. Dans l’Histoire, parmi les femmes qui épousent l’homme à qui elles ont fait la guerre, il y a Cléopâtre… C’est assez rare. Elle est restée reine très longtemps en épousant deux rois successifs. C’est assez étonnant. Son règne est long à une époque où l’espérance de vie est assez courte. Elle est la grand-mère et l’arrière-grand-mère d’un grand nombre de souverains. Dans la famille royale, son souvenir a longtemps été conservé.

Claire l’Hoër, Anne de Bretagne, duchesse et reine de France, Fayard, 299 pages, 22 €.

Une nouvelle biographie d’Anne de Bretagne aux Éditions Gisserot.

Anne de Bretagne, née en 1477 et morte en 1514, est la souveraine certainement la plus célèbre de Bretagne, et sans doute une des plus connues de l’Histoire. Duchesse de Bretagne à titre personnel à l’âge 11 ans et demi, mariée une première fois à moins de 14 ans à Maximilien d’Autriche, roi des Romains, une seconde fois au roi de France, Charles VIII, dix mois plus tard, et une troisième fois à 22 ans au successeur de Charles VIII, Louis XII. Sa vie aurait pu être celle d’une reine vivant dans le luxe, entourée de centaines de serviteurs, remplissant son seul devoir : celui de donner un fils et donc un héritier à son mari et à la Couronne de France. Elle fut mère la première fois à 15 ans et enfanta plus d’une quinzaine de fois. Bien sûr, elle fut sacrée, cas exceptionnel, deux fois reine de France. Avec elle, la Cour de France quitta le Moyen-Age pour la Renaissance. Mais Anne de Bretagne ne fut pas que cela.

Il existe des dizaines de biographies d’Anne de Bretagne. Grâce à la révolution de l’Internet, l’accès à l’information est rapide, vaste et efficace. Il a été possible de vérifier, de corriger, de trouver afin de mieux comprendre qui fut Anne de Bretagne, qui furent les gens qui l’entourèrent, comment se déroulèrent les évènements qui agirent tant sur sa vie. Bien sûr, dès sa naissance, princesse de Bretagne, elle fut un instrument politique : l’épouser signifiait pour l’heureux élu acquérir la riche Bretagne. Les plus puissants de l’époque s’entredéchirèrent autour d’elle. On peut se demander si durant les vingt premières années de sa vie, elle fut maîtresse de son propre destin. A partir de la mort de Charles VIII, même si les obstacles furent très nombreux, elle devint une véritable souveraine ayant un double but : conserver intacte la souveraineté de la Bretagne et faire de ses deux seuls enfants survivants, Claude et Renée, nées difficilement de son union avec Louis XII, les princesses de l’Europe.

Auteur : Frédéric morvan

Éditeur : SA ÉDITIONS JEAN-PAUL GISSEROT Collection / Série : GISSEROT HISTOIRE

192 pages ; 19 x 12,5 cm ; broché          Prix de vente au public (TTC) : 8 €

Anne de Bretagne. Des funérailles d’un faste à peine croyable

Au sixième jour de sa mort, Anne de Bretagne est transférée dans la salle d’honneur de Blois, en habit d’apparat. Photo DR

Le Télégramme, 12 novembre 2017

par Erwan Chartier Le Floch

Épuisée par les grossesses et les drames, Anne de Bretagne s’éteint le 9 janvier 1514. Ses funérailles durent trente-neuf jours et demeurent parmi les plus grandioses et les plus coûteuses des souverains français.

En ce début d’année 1514, la reine de France se meurt, épuisée par une quinzaine de grossesses en vingt ans. Seules deux de ses enfants, Claude et Renée, ont survécu. Son mari, Louis XII, est absent. Il est allé combattre les Anglais et Maximilien d’Autriche dans le nord du royaume, après avoir été expulsé d’Italie. Un véritable lien d’affection unit cependant la duchesse souveraine de Bretagne, deux fois reine de France, et Louis d’Orléans qui a d’ailleurs combattu en 1487, à Saint-Aubin-du-Cormier, dans l’armée du duc François II contre les Français.

Embaumement royal 

Anne de Bretagne décède le 9 janvier, vers 6 heures du matin, dans la chambre du donjon de Blois, alors résidence des souverains français. Ses obsèques vont durer trente-neuf jours. Dans une étude monumentale, Jacques Santrot a étudié cet événement politique, symbolique et culturel sans précédent. Nous disposons de nombreux documents sur ces obsèques qui restent exceptionnelles par leur coût, sans doute l’un des plus importants de l’Histoire de France, c’est-à-dire entre 44.000 et 60.000 livres de l’époque. La principale dépense concerne les bougies et les cierges. Pour Anne de Bretagne, on brûle, en effet, des tonnes de cire…

Après son trépas, la reine est soumise à une toilette mortuaire et aux différentes étapes de son embaumement. La dépouille est ainsi éviscérée et plusieurs organes, parmi ceux les plus rapidement dégradables, sont prélevés. Conformément au souhait d’Anne, le cœur est également mis à part, afin qu’il soit rapporté à Nantes.

Au sixième jour, Anne de Bretagne est transférée dans la salle d’honneur de Blois, en habit d’apparat. Pendant plusieurs jours, tous les grands du royaume viennent lui rendre hommage. Ce n’est que le 17 janvier que le corps de la reine est placé dans son cercueil de plomb, afin que sa dépouille soit transférée jusqu’à la nécropole royale de Saint-Denis. Plusieurs centaines d’offices religieux sont donnés pendant 74 jours. Selon Jacques Santrot, « cette inflation de messes est due à la hantise du salut individuel et à une croyance de plus en plus forte au purgatoire ».

Cortège impressionnant

Le 18 janvier, près de 1.700 pleurants accompagnent Anne de Bretagne jusqu’à la collégiale Saint-Sauveur de Blois, suivis des grands du royaume et des officiers de la reine. Le cortège qui s’ébranle ensuite vers Paris est grandiose, avec un absent de marque, le roi. Malgré son attachement réel à son épouse, comme ses prédécesseurs depuis le XIV<md+>e siècle, il ne peut plus assister à des obsèques afin de protéger son intégrité physique. </md+>

<md+>Tout au long du parcours, les officiers bretons sont particulièrement mis en valeur. Il s’agit d’un acte politique et symbolique, afin de consolider le processus d’union du duché au royaume. D’autant que cette union est loin d’être acquise en cas de remariage du roi et de naissance d’un héritier mâle. Les Anglais ne s’y tromperont pas en envoyant une jeune et fougueuse princesse épouser Louis XII, mais ce dernier décède avant de lui donner un enfant… </md+>

<md+>Le convoi mortuaire d’Anne de Bretagne quitte Blois et remonte vers le nord. Chaque soir, des cités l’accueillent, à leurs frais. Les cérémonies les plus fastueuses ont lieu le 14 février, lorsque la dépouille royale entre dans Paris et fait une station à Notre-Dame. Entre 12 et 13.000 personnes se pressent sur le trajet. Le 16 janvier, Anne de Bretagne arrive enfin à Saint-Denis, dans la nécropole des rois de France. Par la suite, son gendre, François I>r, fera réaliser un tombeau monumental en son honneur et celui de Louis XII.

Ces funérailles exceptionnelles, leur faste et leur symbolique illustrent la volonté de la couronne française de favoriser le processus d’annexion d’une principauté alors prospère, dont l’importante flotte maritime allait constituer un atout certain. Quant à Anne de Bretagne, elle devient désormais l’un des grands personnages de l’Histoire de France.

À lire

 « Les doubles funérailles d’Anne de Bretagne, le corps et le cœur » (janvier-mars 1514) Jacques Santrot, Droz, Genève. 

– «Toute l’Histoire de Bretagne», Skol Vreizh, Morlaix, 2012. Jean Kerhervé,

– « L’État breton aux XIVe et XVe siècles. Les ducs, l’argent et les hommes », Maloine, Paris, 1987.

Avant son décès, Anne de Bretagne avait émis le souhait que son cœur soit enterré à Nantes. Photo DR

Son cœur à Nantes

Avant son décès, Anne de Bretagne avait émis le souhait que son cœur soit enterré à Nantes, «en son pays et duché de Bretagne». Cette partition du corps n’a rien d’exceptionnel à l’époque chez les princes. Il permet au contraire de multiplier les pratiques funéraires et donc, de rehausser le prestige du défunt. Pour accueillir la relique royale, deux orfèvres de Blois, Pierre Mangot et François Jacques réalisent un petit chef-d’œuvre artistique en moins de quinze jours. Ce « vaisseau d’or » constitue encore aujourd’hui l’une des pièces principales des collections du musée Dobrée à Nantes.

Escorté par Philippe de Montauban, fidèle parmi les fidèles de la duchesse Anne et chancelier de Bretagne, le cœur arrive à Nantes par bateau, le 13 mars. Plusieurs cérémonies sont organisées dans la capitale du duché, sans le faste de celles de Paris et Saint-Denis. Puis le cœur est placé dans le tombeau des parents d’Anne, François II et Marguerite de Foix, l’un des plus beaux monuments de la Renaissance bretonne, aujourd’hui visible dans la cathédrale de Nantes.

Escorté par Philippe de Montauban, fidèle parmi les fidèles de la duchesse Anne et chancelier de Bretagne, le cœur arrive à Nantes par bateau, le 13 mars. Photo DR

Les 500 ans d’Anne de Bretagne en DVD

Présentation du DVD, réalisé par Rémi et Nicolas Valais (assis à droite), en compagnie des membres du Comité Anne de Bretagne et du maire Jean-Michel Buf (debout à droite). |

Ouest-France, page Bretagne, 9 novembre 2017

Près de 120 manifestations ont salué en 2014 et en 2015, dans les cinq départements bretons, les 500 ans de la mort d’Anne de Bretagne. Un DVD retrace cette épopée.

« L’idée est partie d’une rencontre avec Olivier moreau, producteur du spectacle d’Alan Simon au Zénith en janvier 2014, à Nantes, explique Rémi Vallais, professionnel de l’audiovisuel, éditeur de ce DVD. Dans un premier temps, il s’agissait de faire une vidéo de ce spectacle qui s’inscrivait dans le cadre de cette commémoration des 500 ans. Je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire sur la globalité de l’évènement.  » .

L’équipe de Rémi Vallais n’a pas repris la totalité de ces rendez-vous « mais nous en avons filmé une quarantaine. En choisissant des lieux sur tout le territoire et de diverses importances pour essayer de refléter au mieux ce que fut cette commémoration. »

Contact: http://annedebretagne2014.info

Anne de Bretagne … A ma vie… à notre vie !

Vitrail à Dinan.

Morbihan, novembre-décembre 2017

À la devise de l’ordre de l’Hermine, Anne de Bretagne y ajoute Non mudera (« je ne changerai pas ») et adopte sa propre devise Potius mori quam foedari (« plutôt mourir que se déshonore »). Portée par de telles convictions, Anne de Bretagne est devenue un symbole fort de la résistance bretonne…

Mais qui est finalement cette femme…

… devenue duchesse à 11 ans, reine de France à 15 ans, mère de neuf enfants dont sept décédés en bas âge et qui, à sa mort à seulement 36 ans, a su marquer le destin et la mémoire collective de tout un territoire ?

D’alliances en mésalliances

Anne de Bretagne est née au château des ducs de Bretagne à Nantes le 25 janvier 1477. Elle est la fille de François II, dernier duc de Bretagne, et de la princesse de Navarre Marguerite de Foix. La Bretagne, qui cherche depuis le XIVe siècle à s’émanciper du royaume de France est à l’époque en conflit avec le souverain Louis XI pour conserver son indépendance.
Décidé à protéger ses terres de la menace française, François II développe ses alliances. Pour cela, sans héritier mâle, la main de sa fille aînée Anne est promise à maintes reprises. C’est ainsi, qu’à peine âgée de 4 ans, elle est proposée au prince Edouard de Galles (fils d’Edouard IV d’Angleterre), mais celui-ci meurt en 1483. Les prétendants ne vont pas manquer… En 1488, les armées du duc François II subissent une lourde défaite face à celles du roi de France à Saint-Aubin-du-Cormier. Suite à cet échec, le traité du Verger précise que l’héritière du duché ne peut se marier sans l’accord du roi de France.

Trois mariages, deux fois reine de France…

En septembre de la même année, François II meurt d’une chute de cheval et tous les projets de mariage s’effondrent. Anne alors âgée de 11 ans, cette jeune enfant initiée au latin, à la littérature et à l’histoire, devient duchesse de Bretagne.
Avant de mourir, son père avait confié sa garde au maréchal de Rieux et à Françoise de Dinan qui souhaitent la marier à l’un de leurs parents, Alain d’Albret. Anne refuse et les hostilités reprennent avec Charles VIII.
Mais il n’est pas question de ne pas sauver le duché, Anne est mariée par procuration, le 19 décembre 1490, à Maximilien Ier de Habsbourg, futur empereur du Saint Empire romain germanique. Ce mariage est perçu comme la violation du traité du Verger. Rennes est alors rapidement assiégée. Anne de Bretagne doit s’unir au roi de France Charles VIII pour  » assurer la paix entre le duché de Bretagne et le royaume de France  ». Le 8 février 1492, celle que l’on décrit comme   » petite, maigre de sa personne, boiteuse d’un pied et d’une façon sensible, brunette et jolie de visage, et pour son âge fort rusée « , est couronnée reine de France.

… et toujours duchesse

De cette union, naîtront plusieurs garçons, tous morts en bas âge. Le roi lui-même péri en 1498 des suites d’un accident. Veuve à 21 ans et sans enfant, elle redevient pleinement duchesse. Lors de sa venue en Bretagne à l’automne 1498, elle fait don à la population du deuxième terme de l’impôt et fait battre une monnaie d’or à son nom.
Ayant réaffirmé son autorité sur le duché, en janvier 1499, elle se marie au nouveau roi de France Louis XII mais est cette fois en mesure de négocier les conditions de ce mariage, dont le contrat précise qu’en cas d’absence de descendance commune au roi et à la duchesse, le duché revient à la descendance unique d’Anne. Elle se réserve également la jouissance du duché et prévoit qu’après sa mort, celui-ci reviendra à son second enfant mâle et non à l’aîné. Elle manifeste ainsi sa volonté de perpétuer un duché autonome avec une lignée ducale distincte. Anne donnera naissance à deux filles, Claude et Renée.
Durant ces années, elle vit surtout au château de Blois, mais suit de très près le duché de Bretagne dont elle parvient à maintenir les droits, voire à obtenir des privilèges pour les Bretons.

Anne de Bretagne meurt le 9 janvier 1514, elle n’avait pas encore 37 ans. La Bretagne n’est toujours pas intégrée au royaume de France. Sa fille, Claude, épouse François d’Angoulême, qui devient roi de France en 1515 sous le nom de François Ier.

Le 4 août 1532, les députés des états de Bretagne adressent une requête à François Ier pour la reconnaissance de son fils aîné comme duc de Bretagne, le roi accepte. Il publie un édit d’union le 13 août 1532 à Nantes. Son fils François est couronné duc le 14 août et en septembre, l’édit du Plessis-Macé unit la Bretagne à la France.

(NDLR: ce dernier paragraphe omet de parler de la menace militaire planant sur la réunion des États de Bretagne, des prébendes , des charges et de l’or distribués à certains députés pour les faire voter dans le bon sens; faits dénoncés par Bertrand d’Argentré dans son Histoire de Bretagne publiée quelques années plus tard et interdite par les services du roi de France).

Année Anne de Bretagne 2014, le DVD.

Ce samedi 4 novembre au cinéma de Blain, était présenté le dvd Anne de Bretagne 2014 devant 120 représentants des associations ayant été parties prenantes durant l’Année Anne de Bretagne.

D’une durée de 90 minutes, le DVD réalisé par Rémi et Nicolas Valais retrace l’Année Anne de Bretagne 2014 à travers une quarantaine d’événements dans les 5 départements bretons. L’occasion de découvrir ou de redécouvrir de nombreux sites et histoires liés à la mémoire de la dernière Duchesse souveraine de Bretagne.

Version en français, version en breton, bonus comprenant des extraits de l’opéra Anne de Bretagne d’Alan Simon.

Le DVD, 20 € à commander auprès de RV production, 34 La Burdais, 44530 Guenrouet
Tél : 02 40 00 18 92
Port : 06 83 04 34 69
Mail : contact@remivalais-production.com

Présentation du DVD, réalisé par Rémi et Nicolas Valais (assis à droite), en compagnie des membres du Comité Anne de Bretagne et du maire Jean-Michel Buf (debout à droite). | Photo Ouest-France

Présentation du DVD « Anne de Bretagne 2014 »

Le Comité Anne de Bretagne ainsi que Rémy et Nicolas Vallais ont le plaisir de vous inviter le samedi 4 novembre à 13h30 au cinéma Saint Laurent 9 rue du 11 novembre à Blain à la présentation du film Anna Breizh 2014 relatant la commémoration des 500 ans de la disparition d’Anne, dernière duchesse souveraine de Bretagne.

Cette projection en salle sera suivie d’échanges et d’un vin d’honneur. Le DVD du film sera disponible sur place au prix de 20 € TTC.

Le nombre de places étant limité, merci de nous indiquer très rapidement le nombre de places souhaitées ainsi que le nombre de DVD que vous souhaitez acquérir.

Réponse à:

remi@remivalais-production.com

06 83 04 34 69

 

Portraits de femme. Anne de Bretagne, duchesse et reine .

La statue d’Anne de Bretagne au Château des Ducs de Bretagne à Nantes.

Le Télégramme, 29 juin 2017

par Serge Rogers

Impossible de parler des femmes qui ont marqué la Bretagne sans évoquer celle qui est sans doute la plus connue : la duchesse Anne. Personnage de l’Histoire de Bretagne et de France, deux fois reine, elle a marqué son époque par son caractère et sa volonté de défendre l’indépendance de son pays.

Fille de François II, duc de Bretagne, et de Marguerite de Foix, princesse de Navarre, Anne naît le 25 janvier 1477 au château de Nantes, fief historique du duché de Bretagne. À l’époque, son père doit ménager les prétentions territoriales de ses puissants voisins les rois de France, afin que son pays reste indépendant. Dès son plus jeune âge, Anne reçoit une noble éducation, tout comme sa sœur Isabeau, née un an après elle. Élevée par sa gouvernante, Françoise de Dinan, comtesse de Laval, et ayant pour précepteur le poète Jean Meschinot, la jeune fille apprend à lire et écrire le français et le latin, mais on lui enseigne aussi le chant, la danse et la musique.
Promise très jeune

Très vite, Anne devient une pièce maîtresse dans l’échiquier politique. Elle voit déjà ses premiers prétendants au mariage se présenter. François II refuse de voir tomber sa province dans l’escarcelle de la France et n’hésite pas à promettre la main de sa fille en échange d’une aide militaire et financière. Ainsi, est-elle promise en 1481 au prince de Galles, le fils du roi d’Angleterre Édouard IV. Plusieurs noms sont ensuite évoqués, au gré des alliances, comme ceux de Louis d’Orléans (cousin du roi et son possible successeur) ou de Maximilien de Habsbourg, archiduc d’Autriche…

N’ayant pas de fils, François II décide aussi de faire reconnaître sa fille aînée comme légitime héritière devant les États de Bretagne, le 20 février 1486. Tout cela déplaît au roi de France, Charles VIII, qui décide d’intervenir militairement et marche sur la Bretagne avec 15.000 hommes. Le 28 juillet 1488, les armées bretonnes sont vaincues à Saint-Aubin-du-Cormier, en Ille-et-Vilaine. Charles VIII impose alors à François II le traité du Verger, qui l’oblige à obtenir son consentement pour le mariage de ses filles.

C’en est trop pour le duc de Bretagne, qui s’éteint quelques semaines plus tard, âgé seulement de 29 ans, en laissant un état exsangue et divisé. Pourtant, sur son lit de mort, le duc fait jurer à sa fille de tout faire pour défendre l’indépendance de la Bretagne, et nomme Jean de Rieux comme tuteur, tutelle pourtant réclamée par le roi de France qui déclare une nouvelle fois la guerre à la Bretagne. Quelques jours plus tard, Anne est couronnée duchesse de Bretagne en la cathédrale de Rennes. En 1490, à l’âge de 13 ans, elle est mariée par procuration à Maximilien Ier de Habsbourg, archiduc d’Autriche et futur empereur romain germanique. Ce mariage est perçu comme une provocation par Charles VIII, qui envoie une nouvelle fois son armée. Les cités bretonnes tombent les unes après les autres, en dépit de renforts anglais et castillans venus soutenir les troupes ducales.

Mariage imposé

Réfugiée à Rennes, Anne est assiégée, elle doit finalement se rendre le 15 novembre 1491 et renoncer à son mariage avec Maximilien. Après avoir refusé trois prétendants proposés par Charles VIII, le roi de France décide finalement d’épouser la duchesse, afin d’assurer la paix entre la Bretagne et la France. Selon les clauses du contrat de mariage, en l’absence d’héritier masculin à la mort de Charles VIII, Anne de Bretagne devra épouser son successeur. Elle ne peut plus porter le titre de duchesse, et les institutions bretonnes sont démantelées.
En 1492, Anne est sacrée reine de France, en la basilique de Saint-Denis. Sans aucun pouvoir politique, loin de sa Bretagne natale, elle enchaîne les grossesses et aura six enfants avec Charles VIII. Mais tous meurent en bas âge, et c’est au tour de son époux de trépasser, après s’être cogné la tête à un linteau de porte. Trois jours après la mort du roi, le principe du mariage avec Louis XII est acquis, à la condition que ce dernier obtienne l’annulation de son premier mariage auprès du pape.

Retour en Bretagne

En attendant cette union, Anne rentre pour la première fois en Bretagne et reprend en main l’administration du duché. Elle restaure la chancellerie, convoque les États de Bretagne et fait battre monnaie à son effigie. Autant d’éléments qu’elle arrive à préserver lors de son nouveau mariage, le 8 janvier 1499 à Nantes. Il faut dire que le nouveau roi de France est un ancien prétendant et allié. Pour l’heure, l’indépendance de la Bretagne est sauvée.
Avec Louis XII, elle a six autres enfants, mais seulement deux filles survivent : Claude et Renée. L’aînée est d’abord promise au futur Charles-Quint, petit-fils de son premier mari, Maximilien de Habsbourg. Mais pour éviter que la Bretagne n’échappe une nouvelle fois au royaume de France, Louis XII décide d’unir sa fille à son cousin François d’Angoulême, le futur François Ier. Anne de Bretagne s’opposera à cette union jusqu’à sa mort, le 9 janvier 1514 à Blois, à l’âge de 36 ans.

Pour en savoir plus
– « Anne de Bretagne, du duché au royaume » de Thierry Jigourel, éditions Ouest-France, 2014.
– « Anne de Bretagne », Philippe Tourault, éditions Perrin, 2004.
– « Anne de Bretagne », Hervé Le Boterf, éditions France-Empire, 1976.

 

Numéro spécial « Anne de Bretagne 2014 ».

AnnedeBretagneTudjentilBreizh

Un an après l’achèvement de l’année Anne de Bretagne 2014, Tudjentil Breizh, co-fondateur du Comité, vient de consacrer son bulletin 2015 à la commémoration du 500ème anniversaire de la mort de la dernière souveraine régnante du Duché de Bretagne.

Dans ce bulletin parmi les diverses interventions d’acteurs ou d’amis du Comité Anne de Bretagne 2014 est publié un mémoire inédit sur le traitement de cette commémoration en Bretagne par les medias et les autorités civiles et religieuses ( mémoire présenté en 2015 dans le cadre du Diplôme d’Etudes Celtiques de l’université de Rennes II): y sont notamment soulignées les interférences politiques de cette commémoration avec le mouvement des Bonnets Rouges et la réforme territoriale des régions.

Au sommaire de ce bulletin N°13 en vente au prix de 6,60€, frais de port inclus, au moyen du bon de commande se trouvant sur le site de Tudjentil Breizh:

  • un comité pour l’année Anne de Bretagne (Jacques-Yves Le Touze)
  • la commémoration du 500ème anniversaire (Jakez de Poulpiquet)
  • la réunification à l’heure d’Anne de Bretagne (Jacques-Yves Le Touze)
  • Anne de Bretagne, une féodale ? (Frédéric Morvan)
  • la résistance de la Duchesse Anne et le toujours actuel de la Bretagne pour ses droits (Jean-Loup Le Cuff)
  • Anna Breizh, le pourquoi de l’absence de mutation (Tugdual Kalvez)
  • Anne de Bretagne: une histoire de cœur (Louis Mélénec)
  • le souvenir d’Anne de Bretagne entre Cornouaille et Léon (Florence de Lassol)
  • une tapisserie sur Anne de Bretagne (Jacques-Yves Le Touze)
  • Anne de Bretagne, François II et les autres (Emmanuel de Kerdrel)

 

Vient de paraître : « Anne de Bretagne » d’Etienne Gasche

AnnedeBretagneEtienneGasche

Et si Shakespeare, le grand Shakespeare avait décidé d’écrire une pièce sur Anne de Bretagne ? Un projet financé par sa grande mécène, la reine Elizabeth Ière, d’ailleurs apparentée à la dernière souveraine bretonne. En fouillant dans l’histoire d’Anne de Bretagne, nul doute que le grand dramaturge anglais y aurait trouvé de quoi l’inspirer : fracas des batailles, intrigues politiques, drames humains, personnages tragiques ou comiques… Anne de Bretagne, petite duchesse en sabot et deux fois reine de France est un personnage romanesque à souhait.

Pour mieux nous conter son histoire tumultueuse, l’historien Etienne Gasche se met donc dans la tête de l’homme de théâtre et nous conte de manière alerte et passionnante la tragédie d’une duchesse et de son pays, la Bretagne.

 

Editions Coop Breizh.